La « Monster Study »

Un sujet qui m’a personnellement marqué cette semaine (24/03/16) est celui de l’étude (ratée?) de deux psychologues réputés de l’Iowa. Nombreuses sont les études sur le comportement de l’humain mais celle-ci s’avère intéressante. Cette recherche selon moi, avait un bon fondement mais manquait d’être raffinée.

L’idée était fort simple, par l’entremise de sujets choisis (des orphelin(e)s dans le cas présent), on essayait, par le simple pouvoir de la parole, de connaître la cause  du bégaiement afin de trouver une solution. Wendell Johnson, le principal dirigeant de cette recherche, essaya tout au long de sa carrière de trouver la cause et des solutions au bégaiement. L’Organisation Mondial de la Santé (OMS) définit le bégaiement comme étant une « parole caractérisé par une répétition fréquente de sons et de syllabes ou par des hésitations ou pauses fréquentes ». Je vous invite à lire l’étude en anglais, rédigée en 1939 et disponible en ligne ici pour connaître un peu plus l’objet de la recherche. Pour un résumé, l’article de Jim Ryer vaux son pesant d’or. Il est lui aussi disponible en ligne en cliquant ici.

Initiée par Wendell Johnson et son étudiante Mary Tudor, la recherche devait (avec l’aide de 5 juges pendant une écoute de 3 minutes maximum) prendre parmi 256 orphelin(e)s de l’orphelinat « Soldiers and Sailors Orphan », 22 orphelin(e)s et étudier leur discours. Le groupe fut divisé en deux, 10 ayant un bégaiement considérable dans leur discours et les 12 autres ayant un discours normal. Par contre, dans les 12 orphelin(e)s ayant un discours normal, six d’entre-eux (elles) étaient traité(e)s négativement comparativement à l’autre moitié qui était traité d’une façon positive (compliments sur leur discours, etc.).  Je vous laisse lire la recherche. Les groupes étaient étiquetés comme suit :

IA: 5 orphelin(e)s ayant un bégaiement naturel. Plusieurs essais ont été tentés sur les cinq, notamment pour les convaincre qu’ils n’avaient pas un problème de bégaiement.

IB: 5 orphelin(e)s ayant un bégaiement naturel. Dans le cas présent, leur statut était fixe.

IIA: 6 orphelin(e)s ayant un discours normal. Dans ce groupe, les sujets se faisaient constamment corriger sur leur discours, proposant ainsi une fausse forme de bégaiement . Ils subissaient des pressions négatives.

IIB: 6 orphelin(e)s ayant un discours normal. Dans ce groupe, les sujets furent complimentés pour leur discours, tout le contraire du groupe IIA.

Bref, les résultats démontrèrent respectivement les problèmes de bégaiement mais aussi des lacunes ethniques du temps. « Mary Tudor spent half a century trying to forget », mentionne J. Dyer dans son article Ethics and Orphans: The ‘Monster Study’. Effectivement, c’est 68 ans après que 6 orphelin(e)s ayant fait parti du groupe IIA se sont décidés à porter plainte auprès de l’université de l’Iowa pour dommages psychologiques, donnant droit à une compensation de 925 000$ pour les six plaigant(e)s.

À SAVOIR :

Dans les années 1930, le courant de pensée était bien différent de celui d’aujourd’hui, les codes d’éthiques n’existaient pas. Aujourd’hui, il serait fort probable que la recherche aurait des instruments plus sophistiqués et une structure respectant l’intégrité de l’individu.

Enfin, la parole peut-elle blesser à long terme? Un mot peut-il détruire l’état psychologique de quelqu’un pendant des années? Évidemment, il faut respecter l’humain, que ce soit au travail, dans la vie de tous les jours ou même dans des recherche ayant des humains comme sujet. Comme je mentionnais plus haut, je ne crois pas à un fondement malsain de cette recherche mais plutôt à un manque d’éthique. Nombreux sont les ouvrages sur la psychologie du développement qui nous explique les stades du développement  humain, l’enfance qui est un stade très important. Certes, il faut faire attention à nos gestes car les résultats peuvent être surprenants, même 68 ans après…….Allez! Salut!

SOURCES :

Tudor, Mary. An experimental study of the effect of evaluative labeling of speech fluency. 1939.

Reynolds, Gretchen.  » The stuttering doctor’s ‘ Monster Study ‘  ». New-York Times. 2011.

Ryer, Jim. Ethics and orphans : The ‘ Monster Study ‘. 2001.

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